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Burkina : Le diagnostic du Présimètre

Les organisations de la société civile (OSC) partenaires du programme Présimètre, dans cette déclaration, se prononcent sur la situation nationale

Les organisations de la société civile (OSC) partenaires du programme Présimètre, se sont réunies à Bobo-Dioulasso, du 16 au 20 avril dans le cadre d’un séminaire sur le suivi citoyen de l’action publique. En marge des travaux, et conformément à leur mission de veille citoyenne, elles ont examiné l’actualité sociopolitique de notre pays. Elles livrent dans la présente déclaration leur diagnostic et leurs propositions sur les grandes questions qui ont affecté la vie de la nation ces derniers mois.

  • De la situation sécuritaire

Malgré les efforts déployés par le gouvernement, l’insécurité liée au terrorisme est hors de contrôle, comme en témoignent les récentes attaques enregistrées sur notre territoire:

  • La double attaque du 2 Mars 2018 de l’Etat-major Général des Armées et de l’Ambassade de France qui a fait 8 victimes ;
  • l’assassinat, le 08 avril 2018, de Hamidou Koundaba, maire de la commune rurale de Koutoukou, province du Soum ;
  • le meurtre, le 12 avril 2018, d’une élève de la classe de CM2 de l’école de Bouro, dans la commune de Nassoumbou, province du Soum;
  • l’enlèvement le 12 avril 2018, revendiqué par le groupe « Etat islamique au grand Sahara », d’Issouf Souabo, enseignant à l’école de Bouro, dans la commune de Nassoumbou, province du Soum.

Cette situation chaotique qui touche l’ensemble du territoire national, est particulièrement  préoccupante dans le Sahel, d’où les informations statistiques qui nous parviennent sont très alarmantes : plus de 5000 personnes déplacées, plus de 216 écoles fermées touchant plus de 895 enseignants et plus de 24.434 élèves qui voient leur avenir ainsi hypothéqué.   Ce drame reflète l’absence de réponses concrètes aux problèmes structurels de notre appareil sécuritaire. Ces problèmes sont liés à l’inadaptation de nos politiques de sécurité, au déficit de moyens alloués aux forces de défense et de sécurité, à l’opacité qui caractérise la gestion financière dans le secteur de la sécurité, à la corruption au sein des forces de défense et de sécurité, etc.

Le forum national sur la sécurité organisé en octobre 2017 a proposé une remise à plat des politiques de sécurité à travers l’élaboration d’une politique de sécurité nationale. Plus de cinq mois après le forum, comment expliquer que le rapport général ne soit pas encore publié ? Comment expliquer que le comité chargé de mettre en œuvre les recommandations du forum ne soit pas encore mis en place? Que traduit une telle inertie face à cette menace sans précédent si ce n’est un manque de volonté politique?

  • De la justice et de l’unité nationale

Les partenaires du Présimètre constatent avec amertume des résultats mitigés dans la lutte contre l’impunité. En effet, malgré les processus judiciaires enclenchés depuis 2015, la soif de vérité et de justice des Burkinabè reste à étancher.  Le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale  (HCRUN), organe en charge de la justice transitionnelle, ne semble pas encore sorti de la longue léthargie, malgré les fonds injectés pour son fonctionnement et la nomination d’un nouveau président.

Par ailleurs, malgré les recommandations de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR), la crédibilité du système judiciaire et sa capacité à lutter contre l’impunité restent encore un défi majeur.

Dans un contexte où se développent des menaces contre le vivre ensemble, avec une exacerbation de la crise des valeurs et une inflation de la méfiance et de la défiance citoyenne, le dialogue sincère et la sauvegarde de la cohésion nationale  sont un impératif. Par exemple les dérives à caractère identitaire enregistrés çà et là ainsi que les conflits communautaires dans certaines localités nous interpellent sur la nécessité de renforcer notre vivre-ensemble et l’unité nationale.

  • Des questions sociales

Malgré quelques acquis enregistrés, les attentes sociales des Burkinabè demeurent largement insatisfaites. Qu’il s’agisse du logement, de la santé, de l’éducation ou encore du droit à l’alimentation, les politiques publiques tardent à apporter des réponses globales appropriées à ces problématiques essentielles. Parmi les sujets les plus préoccupants, le droit au logement et la « guerre des terres » restent d’actualité.

Il urge que le gouvernement mette en œuvre les recommandations de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR) et la Commission d’enquête parlementaire sur le foncier. Il s’agit notamment du contentieux foncier en milieu rural et urbain, de l’apurement du passif du foncier et de l’informatisation du système de gestion de ce secteur.

Par ailleurs, la controverse sur le système de rémunération des fonctionnaires met en évidence des problèmes profonds tels l’injustice sociale et la précarité de notre économie.  La réflexion doit être prioritairement axée sur la production et la gestion de la richesse nationale ainsi que sur la lutte contre l’injustice sociale. La question mérite donc d’être abordée de manière globale et non pas uniquement sous un angle sectoriel.

 

  • De la gouvernance démocratique

Les partenaires du Présimètre, observent une incertitude sur la réforme constitutionnelle devant permettre au Burkina Faso de passer à une nouvelle République. Où en est-on ? A quand l’adoption de la nouvelle Constitution ? Par quel mécanisme la Constitution sera-t-elle adoptée ? Autant de questions qui demeurent à ce jour sans réponse.

En outre, les partenaires du Présimètre constatent que la réforme de la loi électorale nécessaire à l’opérationnalisation du vote des Burkinabè de l’extérieur tarde à être adoptée. Or, le mauvais traitement de cette épineuse question pourrait être une source de tension pouvant entacher la crédibilité des échéances électorales à venir.

Au regard de ce diagnostic, les organisations partenaires du Présimètre:

  • demandent au président du Faso et à son gouvernement
  • de publier le rapport général du forum national sur la sécurité et de mettre en place rapidement le comité interministériel chargé de rédiger la politique de sécurité nationale ;
  • de se prononcer clairement et dans les meilleurs délais sur son plan d’opérationnalisation de la réforme constitutionnelle ;
  • d’engager une réflexion profonde sur la sauvegarde des référents et des valeurs cardinales qui fondent l’unité nationale;
  • de prendre des mesures fortes contre les dérives à caractère identitaire qui menacent l’unité nationale ;
  • d’engager un dialogue sincère avec les partenaires sociaux afin de promouvoir la stabilité nécessaire à l’essor d’une économie dynamique ;
  • de combattre l’impunité en engageant une lutte sans merci contre les crimes économiques et les crimes de sang ;
  • de prendre des mesures structurelles sur le droit au logement en engageant le processus d’apurement du passif et l’informatisation du système de gestion foncière;
  • de relancer le processus de relecture de la loi électorale en vue de définir les modalités du vote des Burkinabè de l’extérieur;
  • exhortent les autorités judiciaires :
  • à se saisir de tout acte de nature à remettre en cause notre cohésion nationale afin d’en sanctionner les auteurs conformément à la loi ;
  • à combattre l’impunité au sein de l’appareil judiciaire ;
  • invitent l’ensemble des Burkinabè à s’abstenir de tout acte ou propos de nature à menacer l’unité nationale, qui constitue notre plus grande richesse et notre source naturelle de résilience face aux adversités de toutes sortes
  • encouragent les citoyens à garder le cap de la veille citoyenne et les autorités à renforcer les mécanismes de reddition des comptes.

Fait à Bobo-Dioulasso, le 20 avril 2018

Ont signé

  • Association d’Appui et d’Eveil Pugsada (ADEP)
  • Association de Blogueurs du Burkina (ABB)
  • Association Monde Rural (AMR)
  • Association SEMFILMS
  • Balai Citoyen
  • Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP NZ)
  • Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD)
  • Convention des Organisations de la Société Civile pour l’observation domestique  des  élections (CODEL)
  • Groupe d’Etudes et de Recherche sur  la  Démocratie  et le  Développement  Economique et  Social (GERDDES)
  • Institut Free Afrik.
  • Mouvement Burkinabè des  Droits  de l’Homme  et des Peuples (MBDHP)
  • Réseau National  de Lutte  Anti-Corruption (REN LAC)
  • Union Nationale de l’Audiovisuel Libre du Faso (UNALFA)

 

source : Burkina24

Burkina faso, La CODEL pour des élections transparentes

Les élections générales prévues au Burkina Faso (29 Novembre 2015 pour les élections présidentielles et législatives – premier tour – et dans les premiers mois de 2016 pour les élections municipales) constitueront le point d’achèvement du processus de transition amorcé à la suite de l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014. Ces élections sont attendues comme historiques en ce qu’elles ouvrent des fenêtres d’opportunités de participation citoyenne engagée et de transparence. Pour des élections apaisées, la CODEL a déployé 6355 observateurs électoraux pour le bon déroulement du scrutin.

Société civile : La CODEL fait maintenant de la veille citoyenne

La Convention des organisations de la société civile pour l’observation des élections (CODEL) veut maintenant faire de la veille citoyenne. Pour cela, elle a concocté un programme d’activités qu’elle a officiellement lancées ce jeudi 5 octobre 2017 à Ouagadougou. C’était au cours d’une rencontre avec les Hommes des médias.

Elle a été créée à la veille des élections couplées Présidentielle-Législatives de Novembre 2015. Elle s’est fait connaitre par ses activités de sensibilisation sur le terrain pour un scrutin apaisé ainsi que l’observation des élections. Elle, c’est la Convention des organisations de la société civile pour l’observation des élections (CODEL).

Veille citoyenne

Pilotée par Me Halidou Ouédraogo, la CODEL avait conclu à un scrutin régulier ayant conduit à l’élection de Roch Marc Christian Kaboré à la présidence du Faso. Sitôt les élections finies, la CODEL se donne une autre mission : suivre et apprécier la mise en œuvre du programme politique du chef de l’Etat. « Après les élections, ce n’est pas terminé. Nous allons suivre l’exécution des promesses, du programme politique du président élu », a indiqué Halidou Ouédraogo.

Les activités visent la promotion, la protection des droits de l’homme et du développement, le suivi des politiques publiques, l’animation du « Présimètre » et le renforcement des capacités de ses membres pour une meilleure contribution à l’édification de l’Etat de droit. Pour atteindre ces objectifs, la CODEL fera chemin avec Diakonia, WaterAid et bien d’autres OSC. Ces activités ont été énumérées le 29 septembre dernier et présentées aux OSC partenaires le lendemain.

Œuvrer pour une réconciliation nationale

La Convention des organisations de la société civile pour l’observation des élections n’entend pas seulement rester dans des bureaux feutrés. Pour cela, elle a initié des actions qui vont la conduire sur le terrain. Ainsi il est prévu des dialogues républicains sur la réconciliation nationale avec le gouvernement, les partenaires techniques et financiers, les OSC et les jeunes de Ouagadougou et d’autres villes du Burkina Faso. Les jeunes seront également sensibilisés à l’animation du « Présimètre ». Un ensemble d’activités qui seront déroulés durant des mois et qui vont permettre de suivre la mise en œuvre du programme politique du président Roch Marc Christian Kaboré.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

 

Burkina Faso: CODEL – « Après les élections, nous sommes toujours dans la place »

La Convention des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL) n’a pas quitté le terrain à la fin du processus électoral, loin s’en faut.

En plus de l’observation du processus électoral, elle s’implique maintenant à l’édification d’un Etat de droit au Burkina. « Après les élections, si cruciales fussent-elles, tout n’est pas fini », a affirmé son président lors du point presse du 5 octobre 2017 pour annoncer les activités de 2017 à 2020. Courant octobre, la Convention tiendra le dialogue citoyen sur la réconciliation nationale.

Le Burkina a connu des moments historiques. Au nombre de ceux-ci, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 puis le coup d’Etat de septembre 2015, mis en échec dans la clameur publique. L’autre impératif après la chute de Blaise Compaoré était d’organiser des élections transparentes et crédibles : un pari réussi avec l’implication active de la CODEL. Sa mission ne s’est pourtant pas arrêtée à l’observation des élections. La raison, selon Halidou Ouédraogo, tout ne s’arrêtait pas après les élections, bien qu’elles fussent cruciales.

La CODEL fait maintenant dans le suivi des politiques publiques avec le présimètre, le renforcement des capacités de ses membres pour une meilleure contribution à l’édification de l’Etat de droit dans notre pays. « Grâce aux actions de nos associations membres, la reddition des comptes, le suivi des politiques publiques et les principes de redevabilité ont pris corps au Burkina », atteste le président de la CODEL. En outre, elle s’investit dans la résolution des crises dans certaines communes.

 Pour Me Halidou Ouédraogo, la question de la réconciliation nationale reste posée après les premières tentatives qui remontent aux années 90. Sa structure annonce d’ailleurs l’organisation, dans quelques jours, d’un dialogue citoyen sur la réconciliation nationale.

Aujourd’hui la CODEL, qui estime être la plus grande organisation de la société civile, s’active à être une interface crédible pour les citoyens, une force de proposition. Pour ce faire, elle compte commencer la véritable lutte, celle qui selon elle consiste à amener les élus à tenir leurs promesses électorales. « Ils ne doivent pas les ranger dans leurs tiroirs et attendre les prochaines élections pour les ressortir », martèle M. Ouédraogo.

La CODEL, selon qui fin des élections ne rime pas avec fin de ses activités, va investir des plateformes de veille et de formation de citoyens, légitimer ses actions et œuvrer à pérenniser les acquis. Le rôle de la CODEL, c’est aussi d’informer les citoyens pour qu’ils s’impliquent dans la gestion des affaires de l’Etat. Pour elle, il faut consolider les résultats des élections et mener des actions pour les améliorer.